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Il se dit que les évêques et donc les pères conciliaires bénéficient d'un charisme particulier leur permettant de discerner la vérité avec certitude. C'est sujet à discussion puisque l'unanimité est plus que rare lors d'un concile : ceux des pères conciliaires qui sont opposés à la conclusion seraient-ils sourds ou rebelles à l'Esprit ?

L'intelligence collective d'un Concile diminue certes le risque de se tromper, mais ce n'est pas une certitude sinon où serait la liberté de ses membres ? Une majorité ne fait pas forcément une vérité, mais on peut en faire une recommandation … qui pourra être, ultérieurement, reformulée lorsque des faits nouveaux surgissent. Il serait sage de commencer toute affirmation par : dans l'état actuel de notre compréhension …

Les conclusions d'un concile sont le fruit de compromis non seulement entre des nuances théologiques, mais aussi avec les pouvoirs politiques du moment, que ce soit Constantin ou Charlemagne ou Charles Quint vs François Iᵉʳ et successeurs. Elles sont exprimées en termes parfois fort violents (anathèmes) qui semblent peu évangéliques …

Vouloir apporter, par la tradition, des réponses certaines à des questions indécidables est sécurisant pour certains fidèles, mais peut provoquer des haussements d'épaules chez bien d'autres. Accepter l'incertitude est moins sécurisant, mais plus digne de notre liberté.

Vatican II, sans le dire explicitement, a remis en question ce type d'affirmations à partir de l'expression "hors de l'église, point de salut". Elle est apparue au milieu du troisième siècle et a été reprise, dogmatiquement, par le concile œcuménique de Florence en 1442 dans une formule qui envoie dans le "feu éternel" tous ceux qui se trouvent en dehors de l'Eglise catholique ! Des arguties ont cherché à la nuancer jusqu'à ce que Vatican II précise que, parce que la vérité du Christ éclaire tout homme, même sans qu'il le sache, l'appartenance à l'église n'est plus la condition du salut, mais qu'il lui reste "ordonné" (ce qui veut dire : dépendant, subordonné, lié).

Je ne peux pas croire que bien des clercs ne savent pas qu'ils affirment parfois une vérité pas tout à fait exacte. Ainsi, lors d'une intervention sur le forum d'un MOOC sur Jésus, je me suis vu expliquer par les intervenants (un évêque et une vierge consacrée) qu'il ne fallait pas risquer de perturber les auditeurs par des remarques du type ci-dessus … et pourtant la majorité d'entre eux était des catéchistes et donc ainsi réputés incapables de supporter la vérité !